SAINT-FÉLICIEN – Le gouvernement du Québec a fait l'annonce d'une allocation de 320 M$ pour moderniser l'industrie forestière et papetière, d'un investissement de 32 M$ dans les projets de chimie verte et de 50 M$ pour la création d'un nouveau programme d'utilisation de la biomasse forestière lors du Rendez-vous sur la forêt québécoise.
Mais il a surtout instauré un climat de confiance qui permettra de poursuivre sa transformation.
Plus de 260 intervenants de l'industrie forestière et d'intervenants de la société civile étaient réunis le 21 et 22 février dernier à St-Félicien pour la tenue du Rendez-vous sur la forêt québécoise. « En 22 ans dans l'industrie, je n'ai jamais vu un rendez-vous comme ça. Pour moi, une rencontre comme celle-là, c'est de l'innovation comme je n'ai jamais vu ailleurs », a tenu a souligné Éric Ashby, directeur général de l'usine de Domtar de Windsor, lors de la conclusion du forum. Il a utilisé trois mots pour décrire ce rendez-vous : collaboration, confiance et reconnaissance.
Robert Beauregard, doyen de la faculté de foresterie de l’Université Laval. Photo : Guillaume Roy, LMPAvant de lancer les discussions publiques, Robert Beauregard, doyen de la faculté de foresterie de l'Université Laval, a dressé un portrait de la situation de l'industrie et exposé sa vision 2021. Selon ce dernier, on devra maintenir l'équilibre entre la production de bois d'œuvre et la mise en valeur des produits issus des copeaux dans le futur, même si le secteur des papiers continuera à décroître. Pour y parvenir, il faut miser sur la production d'énergie et la chimie verte. Si on met les efforts nécessaires pour soutenir l'industrie forestière, on pourrait récolter 35 millions de m3 supplémentaires en 2021, créant ainsi près de 30 000 emplois et générant 6,6 milliards de dollars.
C'est un gouvernement qui avait bien fait ses devoirs qui s'est présenté pour relancer une industrie qui cherche toujours à reprendre son souffle. D'abord, 320 M$, provenant de divers programmes, seront alloués pour soutenir des projets structurants qui assureront la pérennité de l'industrie forestière.
Puis 32 M$ seront alloués pour de projets liés à la chimie verte, dont 3,1 M$ seront destinés au Centre de recherche industrielle du Québec et 1,75 M$ à FPInnovations. Le reste de 27 M$ servira à soutenir trois autres projets en partenariats avec des entreprises. Avec cette somme, le gouvernement souhaite créer un effet de levier qui générera des investissements de 100 M$. « Nous avons lancé trois usines précommerciales de lignine, de filament cellulosique et de fibre cellulosique et au cours des deux prochaines années, nous entendons en créé trois nouvelles. Pour lancer de nouveaux produits, nous avons besoin de trois ans de financement pour la phase précommerciale et deux ans pour la mise en marché », a soutenu le président de FPInnovations, Pierre Lapointe.
Le gouvernement a également fait l'annonce d'un nouveau programme de biomasse forestière résiduelle financé à la hauteur de 50 M$ au cours de la période de 2013 à 2020. Ce programme servira à soutenir la filière de l'utilisation directe de la biomasse à des fins énergétiques. Plusieurs acteurs, comme Claude Dupuis de la Fédération des coopératives forestières du Québec et Christian Simard, de Nature Québec, se sont réjouis de cette annonce qui permettra de produire de l'énergie verte et développer l'économie régionale.
Photo : Guillaume Roy, Le Maître papetier
De plus, Québec poursuit son programme d'achat électricité provenant de centrale de cogénération à base de biomasse forestière résiduelle. Ce programme, utilisé amplement par l'industrie papetière, a permis la signature de contrats dans sept régions du Québec pour une puissance de 184 MW. Le programme se poursuivra jusqu'à ce que la quantité totale d'énergie produite atteigne 300 mW.
Le gouvernement créera aussi un forum stratégique gouvernement – industrie, afin de définir l'avenir de l'industrie forestière et des pâtes et papiers.
À la sortie de cette rencontre, tour les acteurs étaient très optimistes pour l'avenir. « Le gouvernement lance le message que la forêt c'est important. C'est un signal important, car ça crée un bon climat d'affaires », a souligné Richard Garneau, PDG de Produits forestiers Résolu.
Même s'il est aussi satisfait de la tournure du Rendez-vous sur la forêt, André Tremblay, PDG du Conseil de l'industrie forestière du Québec, n'a pas donné suite à la proposition de son organisation de favoriser les investissements dans le milieu industriel en octroyant des réductions de tarif énergétique proportionnelles aux investissements.
En somme, l'approche ouverte et les nombreux investissements ont été très bien reçus par l'industrie forestière. Le gouvernement a réussi un tour de force instaurant des mesures clés et en organisant un événement historique en moins de deux mois. Il a même réussi à confondre les sceptiques. À la clôture de l'événement, Denis Trottier, adjoint à la ministre des Ressources naturelles, a lancé ces mots : « C'est une des journées dont je suis le plus fier en tant que société forestière. Nos propositions ont été bien reçues et bonifiées pour les rendre encore meilleures. Tout le monde a pu profiter de ce que j'appelle l'intelligence collective ».
Guillaume Roy, journaliste